Depuis 2018, je participe avec mon épouse à l’aumônerie du CPSF de Réau, le Centre Pénitentiaire Sud-Francilien.

Cette équipe d’aumônerie existe depuis l’ouverture du Centre en 2011. Elle comprend divers services d’Église : Célébrations tous les 15 jours au Centre, avec une ou deux messes selon qu’elle est mixte ou pas. Pour ma part, j’assure l’animation des chants, choisis par un membre de l’équipe, avec ma guitare. Il y a d’autre part des groupes Bible, partages hebdomadaires autour de l’Évangile du dimanche, animés par deux membres de l’équipe. Il y a enfin les visites en cellule, que font les aumôniers et aumônières titulaires, en fonction de la demande des détenus hommes et femmes, une fois ou deux par semaine.

Je participerai pour ma part à ce dernier service quand j’aurai suivi la formation correspondante, consistant en deux WE à Paris, organisés par les instances nationales.

Ce qui marque quand on pénètre en prison, c’est que nous y rentrons avec beaucoup d’idées a priori, et qu’on en ressort en ayant laissé ces idées et en ayant d’abord et avant tout rencontré des hommes et des femmes pour de vrais partages.

Il faut bien comprendre que nous ne connaissons rien du passé judiciaire des personnes détenues, et que c’est très bien ainsi ; nous sommes à la messe ensemble, et ils y participent de diverses manières : comme lecteurs et lectrices bien sûr, mais aussi lors de l’homélie qui consiste pour partie en des discussions en petits groupes animés par nous, autour d’une question que le prêtre aumônier a préparée sur le thème de l’Évangile du jour. La richesse, la spontanéité et la franchise de ces échanges m’ont toujours frappé, depuis les premières célébrations. Cela m’a souvent donné l’occasion de prendre du recul sur des questions liées à ma foi, mais pas seulement, à les préciser et à les confronter avec d’autres façons de penser.

Et puis à la fin de la messe, il y a un temps où l’on partage un jus de fruit et une viennoiserie en discutant de ce qui fait le quotidien de la vie des détenus, de leurs familles, de leurs soucis, et de leurs espoirs… tout comme on discute avec nos amis en sortant de l’église le dimanche ! A noter que des gens extérieurs viennent de temps en temps à ces célébrations, après en avoir fait la demande à l’équipe puis à l’administration pénitentiaire.

Si c’est la foi (et la musique) qui m’ont décidé à tenter cette expérience, ce sont les relations individuelles nouées au fil du temps qui me font rester et envisager d’approfondir ces temps de partage : les détenus nous remercient souvent de leur manifester notre intérêt simplement en étant là, mais je leur réponds que ce qu’ils m’apportent est tout aussi précieux.

J’ai animé des messes en paroisse pendant des décennies, mais là pour moi il s’agit de rencontrer des personnes qui sont isolées par nature, et de leur manifester le lien qui les rattache malgré tout au reste de la société ; un exemple paradoxal est de se réjouir avec eux en cas de libération : on est heureux de les quitter car on sait que ce sera le début d’une autre vie pour eux, vers le retour au monde « du dehors » …

Enfin, l’engagement au CPSF a été l’occasion de faire vivre un vrai œcuménisme : nous connaissons et rencontrons parfois nos amis protestants et ferons une célébration commune en septembre, et j’animerai à la rentrée prochaine une activité régulière de chants avec une aumônière protestante.

Il est tout à fait possible d’assister à une célébration, en s’y prenant en avance, en prenant contact avec l’un des membres de l’aumônerie.

Vincent

Interview conduite par Dominique, enregistrement vidéo par Gérard, à retrouver sur le site du pôle, à l’adresse :

https://paroissesenartsud.fr/mouvements/paroles-de-laics Si vous souhaitez réagir : parolesdelaics@orange.fr

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