Avec mon épouse Odette, il y a cinquante-six ans, nous sommes devenus parents de Benoît, un enfant trisomique. Cette naissance a été un choc.

Mon travail très prenant m’a aidé à vivre, et il a m’a fallu plusieurs années pour réaliser que j’avais été incapable d’aider ma femme dans l’épreuve.

Odette n’est pas restée passive. Elle inscrivit Benoît dans des organismes qui procuraient à ces enfants des activités en semaine, mais il n’y avait rien pour les week-ends. Alors, elle créa en 1984 l’association Elan 2 qui nous permit, ainsi qu’à d’autres parents d’enfants handicapés mentaux, de nous reposer le dimanche. Notre fils y participa régulièrement.

Par Elan 2, Odette fit la connaissance d’un couple parent de deux enfants qui cumulaient une déficience mentale et un handicap physique sévères, ce qui les rendaient complètement dépendants. Leurs parents devaient les assister nuit et jour, sans pouvoir prendre le moindre repos.

Elle me dit : « On ne peut pas les laisser sans rien faire ! » et elle m’annonça son projet de créer une M.A.S. (Maison d’Accueil Spécialisée) pour les accueillir toute l’année à plein temps.  Je lui dis que c’était beaucoup trop difficile pour elle, et je lui déconseillai de s’engager dans une telle aventure…

Cela ne changea en rien sa détermination et, portée par sa foi, elle créa en juin 1997 l’association « La Maison d’Elan 2 » qui devint plus tard « La Maison du Val de Seine ».

Elle recruta comme vice-président un ami qui travaillait dans le bâtiment et les travaux publics. Mais il tomba malade et mourut un an après. Je me dis alors que moi non plus, je ne pouvais pas la laisser tomber. J’étais en retraite, j’avais du temps ; j’adhérai à l’association et je travaillai avec Odette.

Elle put obtenir l’appui financier de la Ville de Melun, puis de l’Agglomération Nouvelle de Sénart.

Six ans plus tard, la Maison du Val de Seine, située à Dammarie-les-Lys, ouvrit ses portes. Odette me dit alors : « Si tu n’avais pas été là, je l’aurais fait quand même ! »

J’ai raconté cette histoire pour montrer que, quand ma femme a refusé de laisser des familles dans la détresse, son engagement en a suscité d’autres, rendant possible ce qui semblait impossible.

Georges

Témoignage à retrouver sur le site de Sénart-Sud à l’adresse : https://paroissesenartsud.fr/category/paroles-de-laics

Si vous souhaitez réagir : parolesdelaics@orange.fr

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