Je suis bénévole depuis plus de quinze ans dans une Association qui accompagne des mamans et des papas en souffrance.
Quelques mots pour présenter l’association :
Quelle que soit la raison d’une grossesse interrompue, d’une mort fœtale ou à la naissance, il est parfois difficile pour les femmes et pour les hommes, qui y sont confrontés, d’en parler avec leur entourage.
C’est pour offrir un espace de parole à toutes ces personnes que l’association AGAPA propose accueil, écoute et accompagnement.
Créée en 1994 à Paris à l’initiative de prêtres et de laïques qui ont réfléchi à accompagner cette souffrance, l’association a ouvert une antenne en Seine et Marne, depuis 2006.
J’avais envie pour commencer comme le faisais notre prêtre accompagnateur de l’association de revenir à l’évangile.
Dans l’évangile de Zachée, celui-ci est prisonnier du regard des autres. C’est un exploiteur qui travaille pour l’armée romaine. Jésus va poser un autre regard sur lui, un regard qui le réhabilite.
A Agapa j’essaye en tant qu’accompagnatrice de poser un regard sur les personnes qui va leur permettre de changer elles aussi leur façon de se regarder.
Je suis là pour l’autre, pour écouter sa souffrance dans une empathie totale, sans aucun jugement, même si au fond de moi je ne suis pas d’accord avec certaines pratiques…La personne vient me confier ce qu’il y a de plus intime en elle : son chagrin, son mal être, ce vide qui l’habite après la perte de son enfant.
Je suis toute émerveillée de cette confiance qu’elle me fait alors que je ne suis ni professionnelle, ni plus apte qu’un autre à entendre ses souffrances. Je sens aussi au fil des rencontres cette envie de faire le point sur leur vie, sur elle-même ; avec la perte de ces petits les échelles de valeurs se sont modifiées, la vie n’est plus la même, les relations avec les autres ne sont plus les mêmes.
Des portes se ferment, des fenêtres s’ouvrent, un tri se fait.
Cela m’engage moi aussi à faire du tri, à m’interroger sur ce qui est important pour moi, De faire le point sur mes choix.
Ces femmes que je rencontre sont toutes différentes avec un passé souvent bien loin de ce que j’ai pu vivre moi-même et ces rencontres m’aident à accepter l’autre différent, avec des histoires parfois très complexes et douloureuses. J’admire leur courage, leur chemin pour être en vérité. Au fil des semaines, elles se redressent, la perception est visible même physiquement et reprennent confiance en la vie, en l’avenir, en elles… Puis dans le parcours vient la question du deuil, de la mort, de l’au-delà, de Dieu. Ces questions arrivent assez vite et j’accueille leurs croyances, parfois bien éloignées des miennes, leur doutes ; parfois, parfois seulement je m’aventure à témoigner de ce qui m’habite avec le plus de délicatesse possible. Cela me pousse aussi à aller approfondir ma foi.
Elles savent et je leur dis que je prie pour elles… Voila nous avons fait un bout de chemin ensemble, et la séparation est parfois difficile. Des liens se sont tissés, de l’humanité a été pétrie et nous nous sommes apportées l’une à l’autre.
Depuis 14 ans ces rencontres me façonnent, me disent combien la vie est fragile, et m’incitent davantage à me tenir prête…
Anne-Marie
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