Le Chœur du Balory est une formidable aventure humaine, qui dure depuis bientôt 30 ans !


Quel lien avec ma foi ? J’ai voulu cette chorale comme un groupe d’accueil, ouvert à tous, sans exigence de connaissances musicales, avec l’objectif de faire une belle musique à partir de ce que chacun peut apporter. Mais humainement, construire, faire quelque chose ensemble est une occasion extraordinaire de tisser des liens entre les participants, et la relation entre les membres de la chorale dépasse bien souvent le simple fait de se retrouver une fois par semaine. Ce sont ces liens d’amitié que j’ai cherché à développer en proposant aussi aux choristes de passer des vacances ensemble, en montagne, ou dans le désert. Et la récompense est grande lorsque je ressens la richesse des relations qui existent dans le groupe !
Le terme de « chef de chœur » ne me semble pas juste, dans beaucoup d’autres langues, le chef est le « conducteur », celui qui emmène, qui guide, qui insuffle un esprit. Je le vis parfois un peu comme le rôle du pasteur de nos évangiles.
Mon métier ne m’a pas permis d’être suffisamment tourné vers les autres, alors que j’ai eu l’impression d’avoir pu apporter beaucoup de joie aux choristes, à travers la beauté de la musique, mais aussi à travers ces liens créés dans le groupe.
Et dans ma vie personnelle de lien avec Dieu, le fait de devoir animer un groupe, ouvert à tous, m’a permis de mieux comprendre ce que le père Varillon a appelé dans deux de ses livres « La souffrance de Dieu » et « L’humilité de Dieu ». J’ajouterai (mais ce n’est pas un livre !) la patience de Dieu !
Je m’explique. Dans la mesure où c’est un choix personnel d’accepter tous les choristes qui se présentent avec l’envie de chanter, et de « faire du beau » à partir de la pauvreté de nos voix « de base », et bien oui, il faut que j’accepte de ne pas atteindre la perfection musicale dont je rêverais, et c’est parfois une forme de souffrance ; il faut être humble devant la musique qui nous dépasse, car même si l’interprétation n’est pas parfaite, je réalise que la magnificence du rendu final dépasse de beaucoup la simple addition du travail de chacun, choriste ou chef ; quant à la patience, qualité dont je ne dispose pas par nature, elle devient indispensable pour travailler avec des musiciens amateurs. Il est bien plus simple pour des chefs d’ensembles vocaux de diriger des choristes qui arrivent aux répétitions en sachant déjà leur voix, que de passer par la difficile étape du simple apprentissage ! Dieu doit composer avec l’humanité, loin d’être aussi parfaite qu’Il rêverait, et, à travers ce que je vis, je crois mieux comprendre sa souffrance, son humilité et son infinie patience ; c’est en cela que mon rôle à la chorale m’aide à mieux orienter ma vie de foi. Car quand on comprend une difficulté, on peut mieux tenter d’y répondre !

Mon dernier point sera de souligner dans ce groupe la culture de la bienveillance. Actuellement, mon état de santé et mon traitement ne me permettent pas de diriger le groupe lors de certaines répétitions. Les chefs de pupitre (qui, usuellement, apprennent les chants aux choristes qui chantent la même voix qu’eux) ont immédiatement accepté de « se lancer » et de préparer des chants qu’ils dirigent devant la chorale entière. Belle solidarité, car je vous assure qu’il n’est pas facile du tout, les premières années, de se retrouver devant une chorale de 60 personnes ! Mais le fait de me soutenir est passé d’abord, quelle belle image de solidarité ! Et les choristes aussi ont respecté la démarche, et alors qu’on pouvait s’attendre à un peu de « chahut » lors des premières répétitions (pensez à la réaction d’une classe devant un prof remplaçant … on va « le tester » !!!), ils ont fait preuve de grande solidarité, à la fois avec les « nouveaux chefs », avec qui ils ont été attentifs et bienveillants, et bien sûr avec moi, je me sens vraiment porté, dans mes soucis, par l’amitié des choristes. Et je suis persuadé que cette bienveillance vient de l’histoire du groupe, de tous les choristes qui ont chanté dans cette chorale et qui ont construit, progressivement, ce qu’elle est aujourd’hui, en entrant dans cette culture de l’attention à l’autre. Et je loue Dieu de la chance de vivre au sein d’une telle micro-
société.
Bruno

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